L’Association Burkinabè des Consommateurs des Services de Communication Electronique (ABCE) a animé une conférence ce jeudi 29 mars 2018 au Centre National de Presse Norbert Zongo à Ouagadougou. Au cours de cette rencontre, il a s’agit de façon consubstantielle pour les conférenciers de dénoncer des dispositions dites « abusives » constatées chez les opérateurs Orange Money et Canal+.
« Depuis quelques temps, les consommateurs du service Orange Money sont astreints, à compter du 1er mars 2018, par l’émetteur à payer illégalement des frais tant pour retirer que tant que pour transférer ou virer des espèces d’un compte à un autre compte Orange Money sans y avoir consenti volontairement alors qu’il nous semble que c’est un contrat qui lie la société aux consommateurs pris individuellement », a fait observer d’entrée Seydou Barro, Président du Bureau exécutif de l’ABCE. Pour l’ABCE, le communiqué de la société Orange Money Burkina, informant les consommateurs du réajustement de ses tarifs à la hausse, n’est rien d’autre qu’un « acte règlementaire arbitraire » qui ne brille que par son illégalité et son caractère abusif et doit être sanctionné comme tel. Il est clair que pour les conférenciers, que cet acte règlementaire permet à Orange Money Burkina d’imposer aux consommateurs dudit service un abus de sa puissance économique en lui conférant un avantage excessif dans le contrat. Selon des détails livrés par le Président Seydou Barro, le message subséquemment envoyé aux consommateurs leur faisant croire que le dépôt est gratuit est de la « poudre aux yeux » et donc « une insulte à leur intelligence », car, poursuit-il, « il ne pouvait en être autrement et il en a été toujours ainsi puisque c’est une obligation légale de rendre gratuit le dépôt, le virement ou transfert et les retraits à l’intérieur de la même banque ; Orange Money Burkina en est une ». Par conséquent, selon l’ABCE, les opérateurs concernés ne peuvent se soustraire aux charges inhérentes à l’activité bancaire. Et donc pour elle, il urge que la BCEAO intervienne pour préciser les obligations de ces émetteurs à l’égard des consommateurs qui payent des frais(retrait et virement d’espèces intra bancaires) , qui dépassent de loin les frais de tenue de compte, alors même qu’ils sont censés briser les barrières entre institutions financières et les populations aux revenus modestes du fait des frais peu élevé. Pourtant, soutient Seydou Barro, les obligations qui pèsent sur les banques au sens strict vis-à-vis de leurs clients, sont plus lourdes que celles inhérentes à l’émission et à la distribution de monnaie électronique.
En gros, l’ABCE à cette conférence de presse, attire l’attention des pouvoirs publics afin qu’ils interpellent la société en question pour qu’elle revienne à de meilleurs sentiments. En outre, selon elle, face ce mépris doublé d’une cupidité poussée à l’extrême, le consommateur doit recouvrir naturellement aux offres concurrentes de monnaie électronique pour satisfaire son besoin de consommation.
Canal+ et son décodeur HD
En ce qui concerne les services CANAL+, selon des annonces publicitaires, le groupe Canal+ invite les consommateurs français à demander gratuitement le décodeur HD dans ses agences, relèvera le Président du Conseil de Surveillance, Marcel Kafando, chargé d’aborder le sujet. Paradoxalement, confiera Marcel Kafando, le même groupe à travers sa filiale résidant au Burkina, demande aux consommateurs burkinabè de débourser la somme de 25 000 FCFA afin d’échanger le décodeur qu’il a lui-même vendu antérieurement contre celui doté de la technologie HD. Il faut comprendre par-là, que le décodeur dont l’obsolescence est publiquement proclamée par le groupe Canal+ en France avec invite aux consommateurs de se faire délivrer le nouveau produit adapté gratuitement, est encore vendu au Burkina sur coup de publicité à la somme de 5000 FCFA. Aussi, poursuivra le Président du Conseil de Surveillance, il nous revient de plus en plus des consommateurs qui nous disent que leurs décodeurs ne leur permettent plus de recevoir normalement les programmes, toute chose qui les oblige à changer de décodeurs.
« Le consommateur burkinabè est-il victime de sa passivité qui, du reste, a inspiré cette pratique discriminatoire de Canal+ à son égard ? », questionne-t-il à l’assistance…
Purement et simplement, l’ABCE demande de façon ferme aux consommateurs de refuser catégoriquement le paiement de toute somme d’argent quel que soit le montant en vue d’échanger le décodeur actuel de Canal+ par son décodeur HD afin de l’obliger à répondre de son inconséquence de par la fourniture gratuite du décodeur HD au consommateur à la lumière de sa pratique en France.
« Pourquoi fournir gratuitement le décodeur en France et le vendre au Burkina ? » se demande encore le Conseiller.
« Ce serait-il une exploitation de l’ignorance des consommateurs ou une cupidité effrénée ! », renchérira-t-il.
Aussi, pour prévoir toute manigance de l’opérateur, Marcel Kafando fait constater que « faute de fournir gratuitement ces décodeurs, il (l’opérateur) peut procéder à la rupture du signal afin de faire plier le consommateur ». Cela ne s’excluant pas, l’ABCE invite les populations à les signaler de toute mauvaise qualité des services. « Canal+ l’imputera à dessein à l’obsolescence du décodeur mais l’ABCE engagera toutes les actions nécessaires pour le respect des droits des consommateurs », conclura Marcel Kafando.
Hermann Guingané